Tout sur Amba-Lontoko, le Génie (Elima) des Tourbières de Lokolama-Penzele dans le Bassin du Congo.
Tout au long des enquêtes dans les zones humides de la grande forêt équatoriale, les chercheurs du CRREBaC ramènent des données inédites notamment sur la socio-anthropologie de ces zones humides.
La foi et la raison s'enchevêtrent, s'entremêlent, s'entrecroisent et s'acheminent ensemble vers un mode de vie localisé.
Les Pygmées marchent rapidement et calmement las-où les Professeurs titubent, boitillent et rampent "loketo n'a potopoto". avec leurs connaissances des blancs, les scientifiques ont failli rebroussé chemin, à cause de la peur des reptiles comme Serpents, crocodiles, piqûres de plusieurs sortes différentes d'insectes, plus dangereux que les abeilles tout aussi présentes, pouvant tuer et consommer un éléphant entier,...et des chatouillements.
C'est une zone marécageuse très profonde. Dans ces marécages, les tourbes (Entoko) vont au-delà de 5 mètres de profondeur...à certains endroits, tu glisses, tu t'enfonce et tu disparaît définitivement dans la boue.
À d'autres endroits, eux-mêmes les peuples autochtones Pygmées n'ont jamais mis les pieds. ...Et s'avance ainsi jusqu'au Fleuve...plus de 35 Km dans la forêt dense, marécageuse. ...chaque pas est une prouesse. En marchant, la terre bouge sur plus de 5m et de temps en temps, tu te demande si tu rentrera vivant.
Pourquoi un sociopolitique va-t-il là-bas?
J'y étais pour observer les pièges, filets, hameçons et autres traces socioéconomiques qui attestent que les peuples locaux vivent et dépendent de ces écosystèmes....je devrais également observer, au nom de mes collègues qui supervisent l'étude ailleurs (Profs botaniste Papy-Claude Bolalwembe et Éric Kazadi, de Médecine Vétérinaire), la manière dont leurs doctorants opérationnalisent la méthodologie prévue.
Le Prof. Tshimanga étant totalement représenté par le Collègue Godet Bola, jeune docteur.
Parmi les découvertes, une surprise : des lieux sacrés
Il y a aussi dedans des sites sacrés, les lieux supposés mystiques, remplis d'interdits ainsi que des explications locales des phénomènes naturels.
Par exemple, les chatouillements dits aux plongées dans ces vestiges des feuilles, arbres, racines, animaux, insectes non totalement décomposés dans l'eau d'une acidité terrible sont expliqués localement comme suit : Mukusa wana, ezali Amba-Lontoko, le Génie (Elima) des tourbières nde abwakeli yo soyi.
S'agissant des connaissances ?
L'on note avec le Professeur Jacques Ngangala que "les autochtones ont développé des savoirs endogènes qui leur ont permis de s'accommoder à un environnement hostile: on peut dormir dans une case avec un serpent perché à la toiture. Il n'est pas là pour vous, il est à la recherche des œufs qu'une poule a pondu et qui partage le logis avec son propriétaire pour ne pas l'exposer au voleur du village.
La pêche dans ces marécages est foisonnante pour les habitués, les poissons grouillent au fond de l'eau entassés sous les racines des arbres aquatiques. Et c'est là aussi que aiment les serpent aquatiques pour s'alimenter facilement des poissons. Voila que les prédateurs des poissons peuvent se croiser, l'homme et le serpent. Que faire ? L'homme autochtone a développé un savoir, toute une science pratique pour prendre le dessus sur l'autre prédateur, et vous appeler cette science là Savoir endogène !
Diantre ! Oui Michel, vous êtes merveilleux ! Vous êtes une Armée scientifique dont le pays a besoin!"-
Dans le Rapport de recherche ainsi que les articles et ouvrages, nous reviendrons sur ces tourbières dans tous ses états, y compris dans ces marinade de la foi et la raison.
Fatiguant, stressant mais très passionnant et intéressant.
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