Tribune du Professeur Michel Bisa Kibul
Moluki pe Motangisi
Aux étudiants en sciences politiques.
Filières de renseignements, sécurité, espionnage, filature et intelligence stratégique.
Je profite de l'occasion offerte ces 21 et 22 juillet 2023 par les présidents Sassou N'guesso du Congo et Paul Kagame du Rwanda qui sont ensembles, à Kigali, pour deux jours de redynamisation de leurs relations pour partager avec vous, mes quelques réflexions géostratégiques.
Trois jours avant, il y a eu la ratification par le Parlement congolais de l’accord portant sur l’exemption de visas entre le Congo Brazzaville et le Rwanda. Et, vous le savez, par ma tribune d'avril 2022, dont le lien Facebook est ci-joint, j'annonçais que le fonds souverains rwandais avait acquis des vastes étendues des terres le long du fleuve Congo, frontière entre la RDC et le Congo Brazzaville.
https://m.facebook.com/story.php?
Selon la présidence congolaise, le réchauffement de l’axe Brazzaville-Kigali « dénote de l’analyse approfondie de l’état de coopération gagnant-gagnant entre les deux Pays" -voisins de l'est et de l'ouest de la grande et fragilisée RD. Congo.
Pour rappel, en avril 2022, ils ont signé 8 accords dans les domaines de l’agriculture, des mines, de la formation qualifiante, de la culture, du sport, de la protection des investissements et de la gestion d’entités économiques. Avec ceci, le Rwanda, ennemi intelligent de la RDC, soutenue par les superpuissances capitalistes, était déjà aux portes de Kinshasa.
Par ailleurs, faut-il rappeler que les abords du fleuve Congo (frontière), de Kinshasa à Kwamounth, appartient à des particuliers, dignitaires vampirisateurs de l'État, qui se les ont accaparés pour y installer des pseudos fermes aux seins desquels vous ne trouverez ni plante, ni élevage.
En d'autre termes, entre Kinshasa des Particuliers et Brazzaville des Rwandais, il n'y a plus d'État Congolais, ni de gauche, ni de droite du fleuve...avez-vous compris ? Nous sommes dans la troisième probabilité, postmoderne, des frontières.
Aujourd'hui, en 2023, année électorale en RDC où toutes les craintes relatives à l'instabilité politique et sécuritaires ne sont plus à démontrer, y compris entre soi-disant les Bateke et les Bayake, l’accord portant sur l’exemption de visas entre les Rwandais et les Congolais d'en face, vient d'accélérer les facilités de circulation, de cantonnement, de regroupement, d'infiltration et d'attaques du voisin, à partir de Kinshasa directement.
De quoi Kinshasa a-t-il à se mêler des affaires d'autres États?
Il est admis des spécialistes que "dans une relation conflictuelle, ou qui risque de le devenir, chacune des parties, chacun des belligérants, a la volonté de percer les intentions de l’autre, de le devancer, de bousculer ses forces, afin d’obtenir par les armes ou par des voies pacifiques, visibles et invisibles, ce qu’il n’a pas pu obtenir par d’autres moyens diplomatiques". Le but étant d’obtenir un avantage décisif.
Le mal chez nous est que tout semble être, si pas une « surprise stratégique », alors une "défaillance de l’intelligence stratégique".
Tout se passe comme si, nous refusons d'être intelligent !! Ceux qui travaillent sur ces questions affirment que la surprise est « consubstantielle au domaine conflictuel» (cf. Desportes).
En principe, il est plus qu'urgent, pour la RD. Congo, de reprendre conscience, de remplacer le militantisme par l'expertise, surtout dans les domaines vitaux de l'État. Il nous faudra alors :
- Un Véritable Laboratoire de la veille stratégique ayant une vision claire, nette, précise et concise, composée d'experts dans plusieurs domaines.
- On doit éviter de faire preuve de lucidité a posteriori pour prioriser la lucidité anticipative, à priori, malheureusement, nous constatons que ceux qui étaient en charge de la protection de notre pays, de 1994 à 2023 courant, n’ont pas respecté l’obligation de moyens d'intelligence stratégique. Ils ont passé l'excès de leur temps à combattre des faux combats personnalisés à l'interne et contre l'excellence, alors que le véritable ennemi progresse, occupe des espaces. Nous voici ceinturés, clôturés, menacés et, qui ce, envahi.
Lire aussi, Mustapha Benchenane parle alors de « surprise stratégique ». Le lire dans Revue Défense Nationale 2017/5 (N°ni 800), pages 101 à 107.
Percé stratégique de Kigali à la porte Brazzavilloise de Kinshasa :