À la Croisée des Chemins : Kinshasa en Quête d’un Leader Visionnaire
L’Observatoire de la Gouvernance (OG) un Laboratoire de recherche en sciences sociales de l’Université de Kinshasa et qui a effectué des recherches pour ressortir les principaux problèmes de la Gouvernance urbaine kinoise. De cela, ils ont établi le profil idéal du futur Gouverneur recherché pour Kinshasa.
I. Des Principaux problèmes de Kinshasa en 2024
Kinshasa est confrontée à huit Principaux problèmes suivants :
1.1. Double dépendance des autorités provinciales aux (a) politiques du niveau national-les autorités morales des partis et regroupements politiques et (b) une dépendance de ces autorités aux expatriés indo-pakistanais, turcs et libanais qui contrôlent l’essentiel de l’économie de Kinshasa.
a. De la Sociopolitique de la gouvernance de la ville de Kinshasa en 2024 :
la dépendance politique fait que la décentralisation est anéantie et le gouverneur sortant a été plus au service des intérêts politiques des « autorités morales » qui se faisaient payer des pourcentages financiers et des avantages matériels, souvent en immobilier, en échange de la sécurisation du siège au gouvernorat. Par ailleurs, réussir à se faire élire Gouverneur de Kinshasa nécessite d’importantes sommes d’argent à distribuer pour achat des votes des députés provinciaux, eux-mêmes ayant beaucoup dépensé financièrement pour y arriver. C’est aux prix d’achats des consciences et d’entretien des autorités morales et des élus provinciaux que les motions de censure et de défiance sont rares à Kinshasa malgré une gouvernance étrange, au bilan néant alors qu’ailleurs, dans les provinces, les Assemblées provinciales ont largement contribué à déstabiliser les gouvernements provinciaux. A ce stade, plusieurs autorités morales opposées, tous membres de l’Union Sacrée de la Nation se font une guerre de positionnement des pions, chacun ayant son candidat-prisonnier moral et loyal aux intérêts égoïstes qu’il tient à placer à la tête de la ville via les canaux d’endettements moraux.
b. De la socio-économie de Kinshasa en 2024 : une dépendance économique de Kinshasa aux expatriés indo-pakistanais, Libanais et Turcs.
Après la colonisation belge, vivons-nous l’ère des colonisations indo-pakistanaises, turques et libanaises et, si on fait garde, prochainement, ce sont les autres africains (Kényans, Rwandais, Ougandais, Tanzaniens) qui vont nous coloniser.
En effet, il s’observe dans les manœuvre pré-électorales du gouverneur de Kinshasa une guerre acharnée entre les acteurs socio-économiques asiatiques ayant réussi à faire de certains Gouverneurs Kinois des endettés socio-économiques. Tout observateur de la scène socio-économique Kinoise sait que c’est « Zando », le grand marché populaire qui est le plus grand employeur de la Ville de Kinshasa avec au moins 1 millions d’usagers par Jour. Depuis plusieurs années, ce marché était sous-traité par un certain « Saïd » sujet asiatique. La fermeture de ce Zando pour « réfection » a contribué au foisonnement des grands espaces, Boutiques, supermarchés, Galeries, toutes occupés par ces Asiatiques ! Les quelques rares congolais qui ont osé investir dans les supermarchés ont été combattus jusqu’à disparaitre : Peloustore, Moni-Shop, Food-Market.
Quels sont ces acteurs asiatiques ? Kin-Marché appartiendrait à un Indien Aziz Anwar Kamani, proche de l’Indien Harish Jagtani-propriétaire aussi, entre autre de HJ Hôpital, Modern Construction et de l’Hôtel Hilton de Kinshasa. Ces Indo Pakistanais sont aussi propriétaires des restaurants, bars, pâtisseries, etc. Un autre Patron Libanais est propriétaire des firmes cosmétiques et des industries de fabrication des mèches et des produits plastiques qui pullulent de la 17ème, 15ème , 14ème et 12ème rue à Limete dits industriels et Kingabwa.
Un certain Rahim Suleman est gérant actionnaire majeur de la Maison Galaxy, qui détient aussi les supermarchés swiss mart et distributeur de plusieurs marques des téléphones. GG Mart et SK appartiennent aussi aux mêmes gaillards. Sans compter le domaine de l’importation des vivres (Poissons, Poulets et plusieurs autres déchets des produits animaliers tels que les Poso, Mipanzi, Jesué, Mbanga, Mikongo, Kingo, Manzaka ya Soso, Makoso, Dindon, Mapapu, Mikuwa,…). Les grandes firmes asiatiques comme Congo Futur, Orgaman, … contrôlent donc toute la chaine alimentaire et de commerce Kinois au point de ne laisser aucun espace aux initiatives congolaises telles que Ngolo Moseka.
Les Indiens, quant à eux, occupent essentiellement le domaine de l’importation des produits pharmaceutiques, de production de l’eau en bouteilles, piments, farines, riz et les secteurs financiers et informatiques,… Ils sont omniprésents dans les secteurs des banques, cimenterie, sociétés de sous-traitance, gardiennage, etc…l’économie de Kinshasa est donc une affaire de ces nouveaux colons des temps modernes.
Dans le secteur de Construction, les Turcs deviennent de plus en plus possessifs des carrières de production des caillasses, sables et moellons. Le plus connu c’est Malvest, appartenant au miliardaire Turc Turhan Mildon qui a reçu aussi le marché de réfection de l’aéroport de Ndjili à Kinshasa. Au niveau national, la Turquie est en compétition avec la Chine. Mais à Kinshasa, la concurrence est entre l’Inde, Liban et le Pakistan…Soulignons aussi que ces turques sont actionnaires majoritaires dans l’aviation Rwanda arways.
Les marques européennes et américaines quant à elles, sont cloisonnées dans la culture moderniste et s’enferment au centre-ville-Commune de la Gombe, loin des masses populaires kinoises. C’est à partir de là qu’elles contrôlent les grands enjeux nationaux relatifs aux minerais, armement et secteurs informatiques hautement stratégiques et en compétition avec la Chine, la Russie.
Pendant ce temps, les congolais entreprennent essentiellement dans quatre secteurs d’activités non productives : Partis Politiques, Eglises, ONG et Administration publique financés essentiellement par les fonds occidentaux et les offrandes/pourboires. Le point commun de ces secteurs qui occupent les Kinois se rapproche de la culture de la mendicité et de la cueillette. …là encore, la concurrence chinoise avance et, de plus en plus, les chinois se montrent plus habiles à « fabriquer les miracles » plus que les Pasteurs congolais.
Ces luttes d’acteurs socio-politiques et socio-économiques se font au prix du contrôle stratégique de la Ville de Kinshasa à travers l’emprise sur le prochain Gouverneur. Chaque camp, loin des Kinois, cherche à imposer son candidat Gouverneur de la Ville. Certains candidats Gouverneurs auraient été soutenus financièrement avant, pendant et après la campagne électorale par l’un ou l’autre de ces puissants.
1.2. Le deuxième enjeu majeur de la Ville de Kinshasa se rapporte à la qualité de gouvernance publique. Une Gouvernance prédatrice, chaotique, vampirisatrice et aux monopoles éclatés. La décentralisation est piégée dans cette ville dont les Gouverneurs n’ont pas été capables de poser les actes de libre administration de la Province. A part André Kimbuta qui avait pu créer Transkin et DGRK,…celui qui est partant aura été un gaspilleur du temps et des opportunités pour la vie urbaine kinoise.
1.3. Le troisième problème de Kinshasa se rapporte au chômage des jeunes et des adultes. Cette ville d’au moins 12 millions d’habitants n’a pas créé des emplois alors que les nombreuses Universités et Instituts supérieurs ne cessent de larguer sur le marché des milliers des diplômés, annuellement.
1.4. Le quatrième problème de Kinshasa est lié au logement précaire et anarchique : les dignitaires des trente dernières années se sont accaparés de 79 % de la superficie urbaine (maluku, n’sele et mont-Ngafula) qu’ils ont mis en jachère au nom des pseudos fermes sans plantes ni élevages ! conséquence, l’habitat s’est rétrécit, les espaces stratégiques sont envahis par la population : les rivages du fleuve et des rivières urbaines, les camps militaires, la ligne de haute tension, le chemin de fer, les stations-services, les poubelles publiques et les antennes des sociétés de télécommunication sont installées jusque dans les parcelles, malgré les risques de dégradation sanitaire. Plus grave, Kinshasa n’a à ce jour aucun plan d’aménagement urbain et, elle va vers la crise des cimetières. De plus en plus, les Kinois sont enterrés au Kongo central et, par l’entremise du phénomène de morcellement des parcelles, les fosses septiques sont creusées en dessous des salons et salles à manger de certaines maisons !
1.5. Le cinquième problème angoissant est celui de la criminalité urbaine et juvénile – (phénomène Kuluna). J’inviterai tout lecteur intéressé à lire les travaux des Professeurs Raoul Kienge-Kienge et Sara Liwerant de l’école de CRIMINOLOGIE de l’Université de Kinshasa. Les diagnostics sont bien faits et les solutions proposées pour la réinsertion sociale réussie.
1.6. Le sixième problème Kinois est lié à la Crise de gestion des déchets solides, liquides et gazeux, y compris des érosions, ravins et éboulements des terres dans certains quartiers. La Ville n’a ni une décharge finale des déchets, ni un système de recyclage et revalorisation pour une deuxième vie des objets. Là aussi des Professeurs comme Sylvie Ayimpam et Léon Tsambu y ont consacré un article intéressant sur la « Sape et la Fripe ».
1.7. Le septième problème de la gouvernance kinoise se rapporte au secteur des Transports, voies de communication et espaces récréatifs. Les espaces publics sont faiblement pris en charge par les pouvoirs publics Kinois. Ce qui aggrave la crise des moyens de transport, les circulations, l'accès difficile aux soins de santé, aux Cimetières inexistantes, aux espaces verts et à la mémoire urbaine. La gouvernance carcérale et, notamment celle de la Prison centrale de Makala est aussi problématique.
1.8. Le huitième problème majeur de Kinshasa a lieu à la gestion des Mentalités citoyennes et faiblesse d’autorité. Depuis 2021, avec le phénomène Oussama Ben La Den, le monde a basculé dans l’époque postmoderne caractérisée par l’effritement des autorités, la sur-utilisation des réseaux sociaux et des écrans, les communautés numériques et les mouvements virtuels des fonds (mobiles money). Dans tous ces enjeux qui drainent une véritable crise éthique et morale, Kinshasa comme personne morale manifeste une crise d’intelligence stratégique. Elle est restée largement en retard par rapport aux enjeux du siècle postmoderne.
2. Profils d’un bon Gouverneur
Face aux principaux problèmes ci-haut évoqués, le futur Gouverneur recherché pour Kinshasa doit, dans son profil, répondre, notamment, aux cinq facteurs suivants :
2.1. Connaissance du système de gouvernance prédatrice de la gestion de la chose publique. On souhaite un Gouverneur avisé, avertit, ayant non seulement une expérience de manager mais aussi ayant réussi dans les affaires urbaines, et non d’un politicien. Il doit dialoguer avec les mondes savants et faire des universités kinoises le cerveau de la Ville.
2.2. Il ne doit pas avoir un antécédent de crise éthique, morale, criminel, jouisseur-insouciant ni de prédation dans la Ville ou ailleurs. Il doit être loin des réseaux asiatiques sus-évoqués pour canaliser les fonds publics vers le trésor urbain et favoriser l’entrepreneuriat Kinois ;
2.3. On souhaite aussi un Gouverneur qui a un cursus académique connu. Kinshasa a donné un mauvais exemple de « Chance Eloko Pamba » avec des élus ou proclamés élus souvent populistes, peu instruits, immoraux, jouisseurs et qui font publiquement l’éloge de la bêtise, une kinoiserie au rabais.
2.4. Le Gouverneur de Kinshasa doit avoir une ligne directe de collaboration avec le Président de la République, chef de l’Etat. Cela le mettrait à l’abri des manœuvres politiciennes des « autorités morales » et des pressions clientélistes des députés provinciaux déstabilisateurs et prédateurs. Il doit donc être complice du Chef de l’Etat.
2.5. Enfin, il faut pour Kinshasa un homme ou une femme gouverneur(e) du terrain kinois, pas un bureaucrate qui attend les rapports dans son bureau climatisé. Par ailleurs, le (la) Gouverneur (e) doit avoir son époux ou son épouse et ses enfants parmi les habitants de la Ville de Kinshasa et qui fréquentent les écoles, églises locales, les marchés et vivent les réalités kinoises dans leur diversité culturelle.
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