RDC-Brazzaville et la rumeur sur la prétendue coupure d'énergie électrique

Le Pays a besoin criant d'actualisation des données dans les domaines stratégiques

Depuis deux jours, un  compatriote mal informé a attiré l'attention collective avec un texte populiste alléguant que la RDC aurait déconnecté le Congo-Brazzaville de la ligne du réseau d'interconnexion. Nous avons questionné le Secrétaire scientifique de l'Observatoire de la Gouvernance à ce sujet. 


Prof. De quoi s'agit-il?


R/Tenez


Dans les années Mobutu, effectivement que la RDC avait un surplus d'énergie et pouvait vendre son Courant auprès de plusieurs Pays, notamment, le Congo-Brazzaville. Une ligne haute tension fût construite entre Kinshasa et Brazzaville, une autre va jusqu'en Zambie. 


Problème ?

Vers les années 2006, la RDC a connu un boom minier dans le Katanga. Plusieurs contrats industriels prévoyaient, pour le Gouvernement, la responsabilité de fournir l'électricité. Du coup, le Pays a eu une crise due au déficit d'énergie électrique... La RDC ne pouvait plus vendre son Courant ni à Brazzaville, ni à la Zambie... La priorité étant d'alimenter les installations minières et autres du Pays. 


Qu'avons-nous fait de la ligne d'interconnexion ?


Au début, une quantité minimum d'énergie était déversée dans le circuit pousse pour les besoins d'entretiens. 


Dans l'entre temps, le Congo-Brazzaville avait su et pu construire ses propres installations de production de l'énergie électrique et n'avait donc plus besoin du Courant Congolais. Au contraire, ils en avaient en surplus et cherchaient un acheteur international. 


Et après ?


Il y a eu un contrat avec un particulier, un entrepreneur, pour utiliser la ligne de transport dans le sens inverse. C'est-à-dire, acheter l'énergie Brazzavilloise et Zambienne pour alimenter les industries kinoises et katangaises, en RDC. 


Depuis lors, c’est plutôt la République démocratique du Congo (RDC) qui s’approvisionne en énergie électrique à la fois en Zambie et au Congo-Brazzaville. Malgré cela, la RDC demeure en situation de déficit énergétique et se trouve face à deux options  : 

  • diversifier ses Source d'énergies en investissant massivement;
  • continuer d'acheter ailleurs. 

Le risque étant d'être poursuivie dans les instances judiciaires internationales pour manque d'honorabilité des contrats avec les industriels. 


N'y a-t-il donc rien eu entre la RDC et Brazzaville à ce sujet ? 


Si, selon nos premières données d’investigations scientifiques, c’est le Congo-Brazzaville qui aurait demandé à la République démocratique du Congo (RDC), depuis le 17 janvier 2024, d’ouvrir les disjoncteurs du circuit de l’interconnexion pour un besoin d’entretien chez eux… la demande étant venue d’eux, pays qui alimente la RDC, c’est même la RDC qui est pénalisée.


Que tirer comme conclusion ?


Les hypothèses à envisager sont que ceux qui agitent l'opinion le font soit pour la raison politicienne soit pour le plaisir de se faire l'honneur populiste ou soit encore, par l'ignorance de la réalité. 


La deuxième leçon à tirer est que l'état de connaissance des évidences scientifiques sur le Congo et ses potentialités est inquiétant, étonnant et surprenant. 

Dans les écoles et universités du Pays, l'on continue d'enseigner sur base des données des années 1950, 1960 et 1970. Toutes les données de base sont dépassées et en désuétude. 


À titre d'exemples ?


  1. Les données sur le débit régulier ;
  2. Les biais navigables du fleuve et les dynamiques du fait du tirant d'eau et des dynamiques des débits moyens ;
  3. La terre fait trois mouvements (Rotation, Translation et précession). Ici, ils continuent d'en enseigner deux;
  4.  La quantité de notre production d'énergie électrique;
  5. Etc. 


Toutes ces données étant dépassées, les hérésies et contre-vérités circulent. 


Entretien avec Michel Bisa

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